Gabrielle Planès

Gabrielle Planès : jouer la coopération

Quelle est votre définition de la médiation ?

Elle est simple ! La médiation est mode coopératif de prévention et de gestion des différends par les parties elles mêmes sous la conduite d'un tiers, le médiateur.

Qu'est-ce qui caractérise la médiation dans le contexte de l'entreprise ?

Ma définition convient à tous les contextes. Parce que j'interviens aussi bien dans que en dehors de l'entreprise, je crois pouvoir dire que les processus, les outils, l'esprit, et la philosophie de la médiation sont toujours les mêmes. Ce sont les chemins qui peuvent varier, c'est à dire la stratégie du médiateur qui peut bouger en tenant compte ce de certains paramètres : le sujet, l'urgence, les montants éventuellement en jeu, le nombre de personnes impliquées, la nature de la médiation, conventionnelle ou judiciaire, par exemple.

Chaque médiateur a-t-il une « couleur » particulière et si oui, quelle est la vôtre ?

Je suis rouge et vert ! Rouge parce que cela symbolisé la relation humaine et l'accord. Vert, parce que c'est la couleur de la créativité. Et je suis très créative !

Quelles sont les qualités d'un (très) bon médiateur en entreprise ?

Vaste sujet. Elles sont évidemment très variées. Mais pour moi, l'important tient à la bienveillance, à l'empathie, à la qualité de l'écoute pour entendre les besoins et les reformuler Je suis un caméléon parce que je m'adapte en permanence, par exemple au langage de l'entreprise. Un caméléon qui aime prendre de la hauteur, sur un balcon pour observer avec du recul, en toute neutralité. S'adapter c'est se remettre en question en permanence pour faire autrement en fonction des besoins et demandes.

L'entreprise est-elle « mûre » pour la médiation ?

Je pense, oui, que l'entreprise devient mûre pour choisir et accepter la médiation. La réglementation, la justice du XXIème siècle, le concept de bien-être au travail, les changements de culture des entreprises et des salariés autour de la notion de reconnaissance sont autant d'éléments qui favorisent la médiation. Et puis, je suis convaincue qu'ils agit d'une réponse intelligente parce qu'elle facilite la changement.

Etes-vous un médiateur « tout terrain » ou privilégiez-vous des champs d'interventions spécifiques ? Si oui, lesquels et pourquoi ?

Je suis radicalement tout terrain. Je peux aller n'importe où. Croyez-moi, ne pas avoir peur du regard des autres c'est un atout incroyable, surtout pour un médiateur !

Arrêtons nous quelques instants sur le cas d'un salarié qui redoute un licenciement ou qui fait face à un licenciement déjà acté. Pourquoi et comment la médiation devrait être considérée comme une solution par l'entreprise ?

A coté des raisons évidentes de rapidité, de coût, d'efficacité, de confidentialité, je dis à l'entreprise que la médiation peut permettre de comprendre ce qui s'est passé. Ne serait ce qu'à ce titre, cela vaut le coup de valider ou d'invalider une vision des choses. Et puis surtout, pour un licenciement, si un salarié est en demande de médiation, l'entreprise a tout intérêt de l'accepter car les magistrats n'apprécient guère qu'une demande de médiation soit refusée.

Un exemple de médiation aboutie dont vous êtes particulièrement fière ?

C'est toujours délicat de parler d'un cas en particulier sans fixer un contexte précis. En l'occurrence, il s'agit d'une structure importante de type associatif avec des dirigeants bénévoles et des salariés. Ceux si ont représentés par des syndicats qui sont en conflit avec la Direction. Pour un incident de service, le dialogue est vraiment rompu, situation qui se montre bloquante. J'ai mené une médiation à l'initiative de l'Inspection du Travail. Les deux parties sont parvenues à un accord où chacune se responsabilisait, notamment en désignant deux référents chargés de veiller à la bonne application de l'accord et vers qui se tourner au moindre souci, deux médiateurs internes en quelque sorte, preuve de la validité de la médiation !

Quel regard portez-vous sur l'initiative Direct Médiation ?

Je pense que l'idée est excellente parce qu'elle porte l'invitation à la médiation, charge qui n'incombe ainsi pas au médiateur. Sa neutralité s'en trouve renforcée.