Claude Duvernoy

Claude Duvernoy : écouter pour dévoiler

Quelle est votre définition de la médiation ?

Ma définition est le fruit de la synthèse. Il s'agit d'un processus structuré qui vise à recréer du lien afin de parvenir à un accord piloté par le médiateur.

Qu'est-ce qui caractérise la médiation dans le contexte de l'entreprise ?

La médiation en entreprise est en effet assez singulière notamment par la typologie des conflits. J'interviens à 3 niveaux. En gestion préventive des différends pour éviter que les différends naissants ne dégénèrent ; lorsqu'il y conflit et qu'il y a besoin de crever un abcès ; et enfin en parenthèse d'une procédure judiciaire déjà amorcée pour substituer la négociation à l'affrontement.

Chaque médiateur a-t-il une « couleur » particulière et si oui, quelle est la vôtre ?

Cette couleur qui m'est propre c'est la qualité d'écoute qui doit permettre à chacun de quitter ses positions et se dévoiler. Il n'y pas de renoncement mais un mouvement positif

Vous êtes avocat de formation et pratiquez toujours cette profession. Avocat et médiateur, c'est possible ?

C'est un débat qui existe mais pour moi, il est réglé et cela ne pose aucune difficulté. Je sais changer de peau pour être l'un ou l'autre. Mais en tous cas, jamais les deux en même temps. Impossible ! Et je crois que ma formation juridique si elle n'est pas indispensable constitue un plus, en particulier dans le contexte de l'entreprise.

Quelles sont les qualités d'un (très) bon médiateur en entreprise ?

Je crois qu'il est nécessaire de connaître le monde de l'entreprise, ses modes de fonctionnement et cultures. Souvent, il est également nécessaire de connaître l'entreprise dans laquelle je vais intervenir. En fonction de mes « découvertes » internes, il m'arrive de modifier mon processus de médiation.

Êtes-vous un médiateur « tout terrain » ou privilégiez-vous des champs d'interventions spécifiques ? Si oui, lesquels et pourquoi ?

Je suis définitivement tout terrain ! Je suis expert en médiation et pas expert sur un champ spécifique de l'entreprise, ou sur un point de droit (même si je suis titulaire de deux mentions de spécialité).

Arrêtons nous quelques instants sur le cas d'un salarié qui redoute un licenciement ou qui fait face à un licenciement déjà acté. Pourquoi et comment la médiation devrait être considérée comme une solution par l'entreprise ?

La rapidité et le coût de la médiation évidemment sont des raisons évidentes. Mais au delà, il y a des facteurs plus immatériels dont il faut tenir compte, comme l'éventuelle nécessité de conserver un lien, de privilégier la confidentialité, notamment au regard parce des conséquences internes, vis à vis des autres salariés ou même externes (difficulté à retrouver un partenaire compétent par exemple).

Dans le contexte des entreprises, pensez-vous qu'il soit nécessaire de prolonger la négociation par une homologation devant le juge ?

Pas vraiment. Mon expérience de la médiation conventionnelle montre que les accords, dans leur très très grande majorité, sont exécutés. C'est aux parties, assistés de leurs avocats, d'en décider.

Un exemple de médiation aboutie dont vous êtes particulièrement fier ?

Entre autre exemple, oui, je pense au cas de ces deux grandes entreprises de service informatiques qui étaient allées au clash suite à un projet mal mené. Très classique. La médiation leur a permis de mettre en lumière qu'il fallait pérenniser leur relation et non pas les rompre parce que rechercher un nouveau partenaire serait bien plus aventureux, voire coûteux.

Quel regard portez-vous sur l'initiative Direct Médiation ?

C'est une démarche que nous soutenons, bien sûr ! Direct Médiation va largement faciliter l'accès à la médiation parce qu'aujourd'hui, on ne sait pas trop à quelle porte frapper. Un avocat par exemple, ou un expert comptable peut conseiller de recourir à la médiation. Très bien. Mais comment faire pour trouver son médiateur ?